"En 1960, l'enjeu pour les nations occidentales, présentes en Afrique et confrontées à la puissante dynamique de décolonisation, résidait dans leurs capacités à s'y déployer. Pour les États nouvellement indépendants, leur principale préoccupation consistait en l'affirmation de leurs aptitudes à donner corps à toutes les initiatives de développement et de construction nationale. Dans une telle situation, l'ambition, pour la France, au Sénégal, était de s'y maintenir en usant de subterfuges pratiques avec l'assentiment des dirigeants de la postcolonie. Consciente que la langue, les idéaux et les valeurs comptaient de manière perspicace dans toute politique de 'pénétration' et de capture des cœurs et des esprits du peuple à assujettir, la France fit de l'université de Dakar un instrument efficace de sa diplomatie culturelle de (re)positionnement. S'agissant du Sénégal, elle en fit une vitrine de sa politique de survie 'outre-mer'. Ce livre analyse l'histoire de la domination exercée par la France sur le Sénégal. Il pointe aussi bien les données des relations internationales qui ont influé sur les inflexions, que les invariants à l'œuvre dans un tel jeu de relations marqué du sceau de l'iniquité. En clair, il montre comment la France renégocie sa position en contexte postcolonial, cherche à construire la légitimation de sa présence en postcolonie en ciblant l'espace universitaire sénégalais, s'attelle à la concrétisation de son projet politico-culturel postcolonial à travers différentes tactiques de mise à contribution des coopérants dits 'assistants techniques'. Il est également question dans cet ouvrage de voir non seulement comment les autorités gouvernantes du Sénégal des années post-indépendance tentent de tourner à leur profit cette stratégie française pour faire de leur projet de construction nationale une success-story mais aussi de proposer une réflexion articulée autour de l'histoire mouvementée de ce que l'on pourrait appeler le néocolonialisme culturel, aggiornamento des relations franco-sénégalaises."--